Transposition de tubérosité tibiale antérieure
Cette chirurgie est indiquée dans les syndromes fémoro-patellaires , les instabilités rotuliennes et les luxations rotuliennes récidivantes ainsi que dans l’arthrose fémoro patellaire isolée.
Elle peut être réalisée seule ou en association à d’autre geste chirurgicaux tels que la section de l’aileron rotulien externe(SARE), la plastie du Ligament fémoro patellaire médial (MPFL) et trochléoplasties.
L’origine du problèmeLa désaxation et la bascule externe de la rotule
La rotule s’emboîte dans la trochlée fémorale qui est une gorge plus ou moins profonde.
Cet emboîtement harmonieux dépend des formes osseuses, des tendons et des ailerons rotuliens.
Une rétraction de l’aileron externe associée à une insertion trop latéralisée du tendon rotulien et de la tubérosité tibiale antérieure sur le tibia provoquent une bascule externe de la rotule voire un véritable déplacement de celle-ci sur le côté responsable d’un défaut de contact des surfaces articulaires. Cela est responsable d’une hyperpression localisée du cartilage externe de la rotule et de la trochlée qui va occasionner une gêne à type de douleurs, de blocages, de gonflements. Lorsque la bascule est importante elle peut entrainer une instabilité voire même de véritables luxations de la rotule.
Cette hyperpression externe de la rotule peut générer progressivement des lésions cartilagineuses.
En cas d’évolution défavorable avec le traitement kinésithérapique et médical, se pose alors la question d’une intervention. Le but de l’opération est de soulager les douleurs, limiter l’instabilité et ralentir la dégradation cartilagineuse.
L’intervention Transposition de la tubérosité tibiale antérieure
L’intervention consiste à recentrer la rotule dans la gorge trochléenne afin de lui redonner un jeu harmonieux.
Une section de l’aileron rotulien est d’abord réalisée. Ce geste est systématique car le décentrage externe de la rotule s’accompagne toujours d’un rétraction de l’aileron rotulien externe. Il se fait soit à ciel ouvert soit sous arthroscopie.
Par la suite, une incision est réalisée à la partie supérieure du tibia. La tubérosité tibiale antérieure est exposée puis sectionnée. Elle est ensuite translatée et repositionnée au milieu du tibia puis fixée par deux vis.
Ces deux gestes permettent de bien repositionner la rotule au milieu de la trochlée et de la stabiliser.
L’intervention peut être réalisée sous rachi-anesthésie ou bien sous anesthésie générale.
Elle dure en moyenne moins d’une heure et nécessite une hospitalisation d’environ 2 à 3 jours.
Après l’opération, un pansement stérile et une attelle de compresso-cryotherapie (Game Ready) sont mis en place. Le traitement de la douleur sera mis en place, surveillé et adapté de manière très rapprochée dans la période post-opératoire.
La rééducationpost-opératoire et la reprise des activités
Le lendemain de l’intervention, le kinésithérapeute vous lève et vous aide à marcher avec une attelle de genou et 2 cannes béquilles et ceux pendant 6 semaines.
A la sortie de la clinique, vous realiserez la rééducation chez votre kinésithérapeute.
La reprise du volant ainsi que celle du travail est envisageable au 2ème mois et cela en fonction de votre profession, une activité de bureau pouvant être plus précoce. Les activités sportives débutent généralement après le 3ème mois.
Les résultats et les complications
Les risques et les complications
La douleur
Les douleurs, post opératoires restent habituellement tout à fait tolérables.
Les hématomes
Toute intervention peut entraîner un saignement, que favorise aussi un traitement anticoagulant souvent prescrit pour réduire le risque de phlébite. Il est responsable de douleurs, gonflement, difficultés à la flexion du genou et parfois aussi de la fièvre. Une nouvelle intervention pour évacuer les caillots peut alors devenir nécessaire.
L’infection
L’infection constitue le risque de toute opération. La surveillance au cours des premières semaines qui suivent l’intervention permet de la dépister devant la survenue de douleurs, de fièvre, d’un gonflement du genou, d’un écoulement au niveau de la cicatrice. Un lavage chirurgical peut s’averer necessaire associé à un traitement antibiotique adapté. C’est à ce prix que l’on obtient habituellement la guérison de cette infection.
La phlébite
C’est la formation d’un caillot dans une veine, qui peut parfois se produire en dépit d’un traitement anticoagulant préventif. Cette complication entraîne elle-même un risque de survenue d’une complication qui peut être grave : l’embolie pulmonaire.
L’algodystrophie
L’algodystrophie se caractérise par la survenue d’une inflammation importante de tout le membre inférieur, à l’origine d’une raideur précoce, de douleurs et d’oedème. C’est une complication imprévisible d’autant que les causes de cette complication sont inconnues. On a seulement observé qu’elle survenait plus souvent chez des personnes inquiètes. Un traitement médical adapté est nécessaire, associé à une rééducation extrêmement prudente pour ne pas aggraver les réactions inflammatoires du genou. L’évolution vers la guérison est souvent longue (plusieurs mois )
La raideur
C’est un risque pour toute intervention sur le genou. Elle se traduit par une limitation de la flexion ou/et de l’extension du genou. Elle est le plus souvent due à des adhérences qui se forment à l’intérieur de l’articulation. Elle peut nécessiter une éventuelle mobilisation sous anesthésie ou plus tard une » arthrolyse » (libération des adhérences, intervention qui peut être effectuée sous arthroscopie).
Les complications cutanées
La cicatrice peut rester douloureuse, peut s’accompagner de zones d’anesthésie ou au contraire de zones douloureuses (névrome).
Une fracture
Une fracture ou une mauvaise consolidation de la tubérosité tibiale antérieure peuvent survenir nécessitant un traitement spécifique.
Les risques énumérés ne constituent pas une liste exhaustive. Votre chirurgien donnera toute explication complémentaire et se tiendra à votre disposition pour évoquer avec vous chaque cas particulier avec les avantages, les inconvénients et les risques de l’intervention.
A quels résultats peut-on s’attendre?
L’amélioration des douleurs et des phénomènes d’instabilité est rapide après l’intervention. La récupération complète de la mobilité et de la force musculaire survient en général entre le 2ème et le 3ème mois.
Le résultat sur la douleur dépend de l’existence et de l’importance des lésions cartilagineuses associées. Un traitement médical complémentaire peut alors s’avérer nécessaire (Visco-supplementation, AINS) ainsi que de la rééducation.
Une récidive de l’instabilité peut survenir lors de certaines activités, pouvant nécessiter un geste complémentaire.
Les résultats sont cependant encourageants, puisqu’on obtient une amélioration des douleurs et de la fonction du genou dans plus de 80 % des cas et une stabilisation de la rotule dans plus de 90% des cas